Une perle occitane
Tel un aigle dressé au sommet d’un rocher
Déployant fièrement sa royale voilure
Le village s’étend sur un lit de verdure
Sous les rais caressants d’un chaleureux archer.
Groupées en un essaim sous le vieux campanile
Les anciennes maisons attisent la mémoire
En faisant suinter les embruns de l’histoire
Qui imprègne leurs murs d’un sceau indélébile.
Leurs toits presque coquets coiffés de cheminées
S’élèvent en bouquet dessous la Malepère
Témoin d’un long passé ruisselant de mystère
Et pourtant si menue auprès des Pyrénées.
Tout autour de ce cœur vibrant de poésie
La terre a enfanté de ses vaillants sillons
Quelques îlots épars de jeunes pavillons
Qui colorent ce lieu d’un brin de fantaisie.
Des siècles écoulés le legs est délicieux :
Regorgeant de soleil les fleurs et les fruitiers
Imprègnent cet endroit d’un flux particulier
D’éclats et de senteurs infiniment précieux.
Dominant la Cité ce coin hospitalier
Défie de sa hauteur les sauvages Corbières
Et la Montagne Noire aux radieuses crinières
Qui pointe vers les cieux son Pic de Nore altier.
Depuis que j’ai fixé mon ancre existentielle
Dans ce sol généreux au charme saisissant
Chaque jour qui éclot sous un ciel florissant
J’y puise intensément sa manne substantielle.
Les crocs puissants du Cers ou de la Tramontane
N’ont pu chez ce vassal prélever leur butin ;
Dessus son mamelon, rivé à son destin,
Roullens a la saveur d’une perle occitane.
Vicky Thilvert